Vers une transition …

Une prise de conscience ?

Depuis la redécouverte du « septième continent » de plastique dans l’océan Pacifique, connu depuis 1997, l’humanité s’est rendue compte des conséquences de ses modes de production et de consommation.

En France, la loi relative à la transition énergétique intègre dans le Code de l’environnement la réduction de l’incidence sur l’environnement de certains produits en plastique à usage unique comme les cotons tiges et la vaisselle jetable.

L’Union européenne a adopté en 2018 une directive relative à la réduction de l’incidence sur l’environnement de certains produits en plastique, en se focalisant sur les déchets plastiques les plus répandus, retrouvés sur les plages, comme les bouchons en plastique, qui devront être solidaires de la bouteille dès 2021.

Les modes de consommation étant difficiles à modifier, les textes réglementaires se focalisent sur les produits en plastique plutôt que sur l’origine de la pollution, à savoir la création et la gestion des déchets en plastique.

Une piste de réflexion …

C’est dans ce contexte que les plastiques dits « biosourcés » ont su trouver leur place comme matériaux de substitution aux plastiques issus du pétrole. Mais que sont ces plastiques ? Sont-ils de sérieuses alternatives ?

Ces matériaux, appelés également « biopolymères » ou « bioplastiques », sont des polymères d’origine végétale ou animale, c’est-à-dire issus de la biomasse. Les polymères ou plastiques communément utilisés dans l’emballage alimentaire sont, eux, issus du pétrole.

Le terme « biosourcé » indique l’origine du matériau. Il ne préjuge pas de sa fin de vie. Ainsi, un polymère biosourcé, tout comme un polymère issu du pétrole, pourra être biodégradable, recyclable, compostable ou valorisable par incinération.

Aujourd’hui, le terme de biosourcé intègre tout matériau constitué d’un minimum de 40 % de plastique issu de la biomasse. Cette définition est intégrée dans le Code de l’environnement où les plastiques biosourcés ne sont pas considérés comme des « plastiques » au même titre que ceux issus du pétrole et pourront être utilisés dans la fabrication de cotons tiges ou de vaisselle jetable.

Le Miscanthus, une forte de transition ?

Un bon béton nécessite du sable, des granulats, de l’eau et du ciment pour lier les constituants entre eux. Pour économiser les ressources naturelles non renouvelables, Ciments Calcia et Alkern ont substitué les granulats par une version renouvelable à base de miscanthus. Ce nouveau matériau de construction est constitué en moyenne à 60% de broyats de miscanthus en substitution des granulats traditionnels. Ils ont ainsi obtenu un prototype de bloc de béton de 20x50x20 cm pesant 17 kg, un poids comparable au bloc classique. Le béton de miscanthus aura bientôt toute sa gamme : bloc standard, bloc poteau, planelle isolée et éléments de chaînage horizontal.

De nombreux essais de caractérisation du bloc en béton de miscanthus ont été validés ou sont toujours en cours. Cette procédure rapide d’évaluation technique est nécessaire pour son utilisation expérimentale.

La filière miscanthus est à même de relever ce défi, comme l’illustre le programme de construction de 46 logements à Chanteloup-en-Brie (77). Il s’inscrit dans un projet plus large de complexes immobiliers sur 3 sites en Île-de-France, avec une branche concernant la valorisation du miscanthus.

Structurer une nouvelle filière

Ce nouveau bloc en béton s’inscrit dans le projet de constitution d’une filière complète autour du miscanthus en tant que matériau biosourcé en Île-de-France. Un projet piloté par l’association Biomis G3 qui oeuvre depuis 4 ans à réunir partenaires institutionnels, coopératives agricoles, acteurs de la recherche et industriels. Avec pour objectif de produire et transformer localement la plante de miscanthus.

Après transformation, le miscanthus peut être utilisé comme bioénergie, mais surtout dans le cas échéant comme biomatériau. « La culture du miscanthus sera possible si tous les acteurs des filières naissantes de production de matériaux agro-sourcés s’entendent pour construire une chaîne de valeur permettant une rentabilité partagée, au bénéfice d’une économie locale nouvelle », prévient Jérôme Mat, vice-président de Châlons-en-Champagne Agglo, délégué au développement économique.

Infos Suppl. :

La résistance thermique du bloc en béton de miscanthus s’élève à 0,7 mètres carrés-kelvins par watt (m2.K/W) contre 0,2 pour les blocs traditionnels. Le matériau obtenu est donc trois fois plus isolant que le béton classique. Il répond ainsi aux spécificités de la RT 2012 et de la réglementation environnementale RE 2018. Un avantage certain, alors que le surcoût ne serait que de 2%.

Ce biomatériau a aussi démontré son efficacité en matière de confort acoustique avec une atténuation des bruits de 54 décibels lorsqu’un mur est enduit sur une face. Sa tenue au feu est également exceptionnelle : 4 heures.

Sources :

https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/articles/le-miscanthus-pour-du-beton-biosource-45263/

https://www.afis.org/Biosource-quand-le-plastique-se-met-au-vert

https://france-miscanthus.org/2018/06/19/le-miscanthus-pour-les-produits-biosources/

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